Articles sur le même thème

Prix et distinctions

Vous voulez plus d’informations ?
Contactez nous.

+33 (0)1 56 79 11 00

CCMI : quels recours contre constructeur maison individuelle ?

| Mis à jour le 28/09/2021 | Publié le 23/08/2011

CCMI : quels recours contre constructeur maison individuelle ?

SOMMAIRE

Le processus de construction de votre maison a débuté. Mais au cours de la réalisation des travaux, le constructeur commet une faute : permis de construire déposé hors délai ou invalide, travaux non conformes aux règles de construction… autant d’erreurs qui vous poussent à vouloir demander la résolution du contrat. Mais est-ce encore possible ? Quels sont vos recours contre le constructeur en cas de litige ? Pouvez-vous être indemnisé ? Avocats Picovschi, expert en droit de la construction, vous éclaire sur ces points.

Qu’est-ce qu’un CCMI ?

Le contrat de construction de maison individuelle (CCMI) est ouvert aux particuliers qui souhaitent confier leur chantier à un constructeur afin de faire construire une maison sur un terrain à bâtir.

Si les particuliers peuvent également avoir recours au contrat de maitrise d’œuvre (ou contrat d’architecte) ou au contrat d’entreprise, il n’en demeure pas moins que le plus protecteur est le CCMI. Précisons dès à présent que le particulier qui souhaite faire construire est, en tant que maître d’ouvrage, tenu de souscrire une assurance dommages-ouvrage qui lui permet, en cas de sinistre, d’être remboursé rapidement.

Il convient de distinguer le CCMI avec fourniture de plan du CCMI sans fourniture de plan. Dans le premier cas, le particulier confie son projet au constructeur du début à la fin alors que dans le second cas, les travaux peuvent être limités : le constructeur ne prend pas obligatoirement en charge les travaux de A à Z. Le contenu du contrat différera selon la nature du CCMI.

Le contrat de construction de maison individuelle vise à encadrer les relations entre un maître d’ouvrage et un constructeur pour la réalisation d’un immeuble à usage d’habitation ou d’un immeuble à usage mixte (professionnel et d’habitation), avec ou sans fourniture de plan, et ne comportant que deux logements au plus. Il se distingue à cet égard du contrat de vente d’immeuble à construire, du contrat d’architecte ou encore du contrat de promotion immobilière.

Quelles sont les obligations et garanties du constructeur ?

Le constructeur de maison individuelle est notamment tenu de réaliser les travaux conformément à ce que vous avez décidé d’un commun accord, mais aussi de livrer la construction dans les délais convenus et au prix entendu. Il est tenu à une obligation de résultat.

Il est de plus tenu à certaines garanties telles que :

  • La garantie de parfait achèvement, qui l’oblige à réparer les défauts que vous constateriez dans un délai d’un an suivant la réception des travaux ;
  • La garantie biennale, qui est une garantie de bon fonctionnement et vous permet, pendant deux ans, de demander la réparation des défauts qui adviendraient sur des éléments dissociables de la construction ;

La garantie décennale, qui s’applique pendant dix ans à compter de la réception et couvre les dommages rendant le bien impropre à sa destination.

Comment obtenir réparation du préjudice et engager la responsabilité du constructeur ?

En tant que maître d’ouvrage d’un CCMI, vous bénéficiez d’un statut qui vous confère une protection juridique accrue. Sachez que si un différend apparait entre vous et le constructeur car il ne respecte pas le cahier des charges, des sanctions sont envisageables.

Les sanctions classiques liées au CCMI permettent au maître de l'ouvrage de se défaire du contrat du fait de la violation par le constructeur de la loi. Classiquement, la non-conformité aux règles d'ordre public ou le non-respect des mentions obligatoires, la non-réalisation des conditions suspensives et la présence de clauses illicites ou abusives entraînaient la nullité du contrat. Toutefois, qu'en est-il lorsque le maître de l'ouvrage exige réparation du préjudice qu'il aurait subi du fait du constructeur ?

C'est à cette question que la Cour de cassation a répondu dans un arrêt du 27 avril 2011. Dans le contrat de construction de maison individuelle (CCMI), il est en effet possible de demander la réparation du préjudice subi par le biais du droit commun de la responsabilité (Cass., Civ. 3e, 27 avril 2011, n°10-11.987). L'acquéreur doit ainsi prouver la faute du constructeur, le dommage subi et le lien de causalité entre le comportement fautif du constructeur et le dommage.

Dans cette affaire, la société constructrice avait commencé les travaux après que la promesse de vente de la parcelle nécessaire à la réalisation de l'opération de construction soit devenue caduque. En effet, le constructeur mandataire chargé du permis de construire ne l’avait ni obtenu ni déposé dans le délai fixé par le contrat, ce qui rendait la promesse de vente caduque. Malgré cela, il entreprend la réalisation des travaux sans vérifier leur conformité aux règles de construction.

La Cour d'appel a prononcé « la résolution du contrat de construction aux torts exclusifs de la société et l'a condamné à verser certaines indemnités à l'acquéreur au titre des travaux supplémentaires, de la perte de revenus locatifs, du préjudice de jouissance, du préjudice moral et de la perte de chance de gains mobiliers, ainsi qu'à le garantir d'éventuelles condamnations pouvant être prononcées à son encontre au titre de la construction illégale ».

La sanction ne manque pas d’étonner car bien plus qu’une indemnisation, en principe accordée dans les contrats inexécutés ou mal exécutés, c’est la résolution qui est ordonnée par cette décision, c’est-à-dire l’anéantissement du contrat ! Pour cela, la cour retient que la société « a néanmoins entrepris de réaliser les travaux sans vérifier la conformité de ceux-ci aux règles de construction, en méconnaissance des dispositions de l'article L231-2 du Code de la construction et de l'habitation ».

Elle a en effet jugé qu’en tant que professionnel de la construction, la société était tenue aux obligations posées par le Code de la construction et de l’habitation aux articles L231-1 et suivants. Par cette qualité ainsi que celle de mandataire de l’acquéreur pour l’obtention du permis de construire, elle était tenue à son égard d’une obligation de résultat d’obtenir, non pas le permis de construire, mais un permis conforme à la demande et au contrat signé par le maître de l’ouvrage.

Les juges retiennent donc que « le constructeur a, ainsi, failli à ses obligations légales et contractuelles de construire un ouvrage conforme aux règles de construction et aux stipulations contractuelles ».

La faute du constructeur est donc telle que cela justifiait de prononcer la résolution du contrat aux torts exclusifs du constructeur.

À noter que la résolution du contrat (au contraire de la résiliation) a un effet rétroactif : elle remet les parties dans la situation où elles se trouvaient au moment de la signature de contrat.

Que se passe-t-il si les dommages apparaissent après la livraison ? Comme indiqué au préalable, le maître d’ouvrage doit souscrire une assurance dommages-ouvrage. Si un désordre survient, il doit mettre en demeure le constructeur de réaliser les travaux de réparation. À défaut de réponse, il doit déclarer le sinistre à son assureur qui sera chargé de l’indemniser. En cas de difficultés pour faire réaliser les travaux ou se faire indemniser, le recours à un avocat s’avère alors judicieux !

Quel type de préjudice est indemnisable ?

La construction de votre maison est plus longue que prévu en raison de retards ? Certains surcoûts vous paraissent injustifiés ? La maison une fois achevée comporte de nombreux défauts ? La jurisprudence considère, dans ce type de situation, que vous pouvez, en principe, demander une indemnité.

En outre, dans l’arrêt évoqué, la Cour d'appel a considéré que le préjudice résultant de ce que l'acquéreur est privé de sa chance de réaliser un gain immobilier est indemnisable. En effet, le maître d'ouvrage « aurait pu, en ayant construit en 1995, revendre sa, maison quelques années plus tard en réalisant une opération financière avantageuse alors qu'il n'a plus les moyens d'investir à nouveau ».

La Cour d’appel a retenu ici plusieurs préjudices indemnisables : préjudice de jouissance, préjudice moral et perte de chance de gains mobiliers. La jurisprudence a eu l’occasion à de multiples reprises de reconnaitre l’existence de nombreux préjudices pouvant être indemnisés tant en matière de CCMI que de VEFA.

La Cour de cassation, saisie des griefs de la société, a validé l'analyse de la Cour d'appel et confirmé sa condamnation. Dans cet arrêt, elle étend la mise en œuvre du droit commun de la responsabilité au constructeur. En plus des sanctions propres au CCMI, le maître d'ouvrage pourra désormais voir son préjudice réparé s'il démontre l'existence des trois conditions nécessaires à qualifier la responsabilité du constructeur. La Cour de cassation est ensuite venue préciser, dans un arrêt du 21 janvier 2016, que le maitre d’ouvrage, en cas de nullité du CCMI, peut demander non seulement la démolition de la construction, mais aussi des dommages-intérêts.

Que vous soyez maître d'ouvrage ou constructeur, le recours à un avocat compétent en droit de la construction est indispensable en cas de litiges sur la construction de la maison ou du contrat en lui-même. Il est même obligatoire si vous souhaitez saisir un juge en référé aux fins de désigner un expert avec pour mission de constater les défauts de construction.

Cet article apporte une réflexion générale sur un cas unique et précis. Les solutions qui en découlent ne sauraient s’appliquer à tous les litiges. Problème de permis de construire, rupture de contrat, retard dans le démarrage des travaux, surcoût, travaux non conformes, désordres, malfaçons, retard de livraison, etc. Les contentieux sont nombreux. L’intervention de l’avocat expérimenté en droit de la construction est primordiale pour analyser la situation dans laquelle vous êtes et vous prodiguer des conseils adaptés à votre situation. En plus d’avoir plus de poids face au constructeur, l’avocat analysera en outre votre contrat afin d’en saisir toutes les subtilités et de vous aider à constituer un solide dossier. Avocats Picovschi, fort de son expérience de la procédure et de sa connaissance de la règlementation sera en mesure de défendre vos intérêts.


Sources : articles L231-1 et suivants du Code de la construction et de l’habitation ; Cass., Civ. 3e, 27 avril 2011, n° 10-11.987 ; Cass., Civ. 3e, 21 janvier 2016, n° 14-26.085.

Votre avis nous intéresse

Le responsable de traitement des données à caractère personnel collectées sur le présent site Internet est Gérard PICOVSCHI, Avocat au Barreau de Paris. Les informations recueillies font l'objet d'un traitement informatique destiné à respecter nos obligations déontologiques et à prévenir d'éventuels conflits d'intérêts.Conformément à la loi « informatique et libertés » du 6 janvier 1978 modifiée en 2004, vous bénéficiez d'un droit d'accès et de rectification aux informations qui vous concernent, que vous pouvez exercer en vous adressant au service Informatique et Libertés : 69 rue Ampère, 75017 Paris (e-mail : avocats[at]picovschi.com). Vous pouvez également, pour des motifs légitimes, vous opposer au traitement des données vous concernant.

Cet article est mis en ligne à des fins d'information du public et dans l'intérêt des justiciables. Il est régulièrement mis à jour, dans la mesure du possible. En raison de l'évolution permanente de la législation en vigueur, nous ne pouvons toutefois pas garantir son application actuelle et vous invitons à nous interroger pour toute question juridique ou problème concernant le thème évoqué au 01 56 79 11 00. En aucun cas le Cabinet ne pourra être tenu responsable de l'inexactitude et de l'obsolescence des articles du site.

Rencontrons-nous

Nos attachés d'information sont à votre écoute

Vous voulez plus d’informations ? Contactez nous
+33(0)1 56 79 11 00

90 avenue Niel
62 & 69 rue Ampère
75017 Paris